Une fois les effets d’annonce passés, ce dont toute la presse s’est fait l’écho, ToyzMag se penche sur le rachat de Lucasfilm par Disney. Une réflexion menée à quatre mains et deux cerveaux par Blaster et Fansolo.
C’était le 30 octobre dernier, les sites d’information généralistes et les sites de fans s’animaient pour une nouvelle époustouflante : The Walt Disney Company a racheté Lucasfilm pour la bagatelle de 4,05 milliards de dollars !
Mais qu’a réellement acheté Disney ?
Selon The Wrap, le deal de 4,05 milliards de dollars ne couvrirait pas toutes les dépenses inhérentes au rachat des droits déjà détenus par certains studios (comme c’est le cas pour Marvel : Sony continue d’exploiter des films Spider-Man en dépit du rachat de Marvel par Disney qui a dû débourser 115 millions de dollars pour racheter à la Paramount les droits de distribution des films The Avengers et Iron Man3) et surtout ne serait pas la corne d’abondance que certains analystes ont naïvement perçu. Ainsi la 20th Century Fox dispose des droits (cinéma et vidéo) sur l’Episode IV jusqu’en 2020, c’est entre 6 et 8% des droits d’exploitation de ce film qui reviendront, non pas à TWDC mais, à la Fox.
Dans le corbeille de la mariée Lucasfilm, The Walt Disney Company a aussi trouvé la saga des Indiana Jones, or la Paramount a une option sur les prochains films de la licence. A titre d’illustration sur les enjeux financiers de ces disputes de droits, rappelons que la Paramount prenait en 2008 sur la quatrième aventure d’Indy 12,5% des entrées et des droits vidéo ou de diffusion.
Il ne faut pas oublier non plus que les coûts de production des nouveaux épisodes sont évalués à 200 millions de dollars par film. Un investissement nécessaire pour faire vivre les marques récemment achetées.

Une nouvelle ère pour Star Wars ?
Ne nous voilons pas la face, l’avenir de Star Wars, et plus particulièrement des jouets Star Wars semblait bien sombre en cette fin d’année 2012. L’arrêt annoncé de la série The Clone Wars, le flop de la ressortie en 3-D de l’Episode 1, la distribution erratique (et les ventes décevantes par voie de conséquence) des figurines Hasbro et l’absence de nouveautés au New York Comic Con (si l’on excepte les Angry Birds) nous faisait craindre le pire.
L’arrivée de Kathleen Kennedy ne permettait pas de voir poindre le renouveau que tous les fans attendaient. La licence Star Wars pour les figurines 3″3/4 court normalement jusqu’en 2020 (selon les dernières déclarations de Hasbro, mais nous n’avons pas été en mesure de corroborer cette affirmation), mais on craignait que les chiffres des ventes en l’absence de nouveau support médiatique (films ou séries capables de fédérer les audiences et de recruter de nouvelles générations de fans) ne conduisent le géant américain du jouet à cesser de l’exploiter (un peu comme Kenner en 1985).
Le risque pour Lucasfilm en général et pour Star Wars en particulier était donc de laisser la société à la mort de George Lucas entre les mains de ses enfants qui, il faut l’avouer, n’ont jamais rien fait de leurs dix doigts à part de la figuration dans les Prequels ou, pour Kate Lucas, écrire le scénario d’un épisode de la série TV The Clone Wars. Rien de très rassurant pour l’avenir. Si l’on ajoute à l’équation la timidité maladive des pontes de Lucasfilm en matière de Licensing, on pouvait légitimement craindre le pire.
L’annonce donc d’un nouveau film est une bonne nouvelle pour Star Wars. La licence devrait connaître une nouvelle jeunesse grâce à une histoire qui suivra les attentes des fans.
Quel risque de voir Mickey en Jedi ?
Le fait que Disney (qui possède aussi Marvel Comics) ait acheté une société comme Lucasfilm fait trembler certains fans qui craignent de voir la morale Disney imprégner la galaxie lointaine, très lointaine. Nous voyons cependant plusieurs raisons de ne pas s’inquiéter. Tout d’abord les dirigeants de Disney sont des hommes d’affaires, ils ne vont pas débourser une somme colossale pour détruire ce qu’ils viennent d’acheter. L’exemple de Marvel (racheté aussi pour 4 milliards de dollars en 2009) est ici rassurant et les films Disney/Marvel sont plutôt des réussites au regard des daubes sans nom qui polluaient les écrans jusqu’alors.
Certes, de nombreux commentateurs ont sorti le contre-exemple de « John Carter sur Mars » considéré quasi unanimement comme une « daube cinématographique ». Si c’est un test de Disney pour l’avenir de la saga, les fans ont effectivement de quoi avoir un peu peur. Par le passé, les incursions de Disney dans la SF « live » ne sont du reste pas trop probantes –scénaristiquement parlant- en dehors du succès d’estime et d’un certain aspect visuel : qu’on pense à Tron, au Trou Noir ou à « Return to Oz » (traduit en français par Oz : un monde extraordinaire qui était déjà –tiens tiens, un partenariat avec Lucas…), pas de quoi entrer dans les annales du « Space Opera » à la sauce Star Wars.
Mais, compte tenu des enjeux et surtout de la vigilance des fans, il paraît toutefois peu probable que Disney prendra le risque de « rater » un film par définition « inratable ». La franchise est une telle valeur sûre qu’on peut effectivement parier que Disney s’entourera de garanties sérieuses. A contrario, l’histoire a montré que Lucas savait tout seul sans l’aide de quiconque, sinon se planter (Le « Holiday Special », Howard The Duck…), du moins opter pour des choix ne faisant pas l’unanimité sur sa propre saga (les Ewoks en leur temps, Jar-Jar…).
A l’heure qu’il est, tandis que nous apprenons que les acteurs de la première trilogie seraient prêts à « rempiler » pour une nouvelle Saga, le risque finalement est que « l’esprit Star Wars », à l’instar de ce qui est arrivé à Marvel, devienne plus « Mainstream » que « Geek ». Mais le rachat de Lucasfilm par Disney ne change en fait finalement rien à ce qui s’avère être une tendance amorcée de longue date : Star Wars touche pas loin de 3 générations. Disney ne fait qu’officialiser les choses.
Lucas et Disney, est-ce vraiment nouveau ?
Quand on creuse un peu la question, on n’ira pas jusqu’à dire que l’absorption de Lucasfilm par Disney était prédestinée (That is your destiny !) mais du moins qu’une forme de partenariat pouvant aller jusqu’à la fusion était largement envisageable voire prévisible. C’est un encadré dans la biographie de Lucas que viennent de publier« les cahiers du cinéma » qui met la puce à l’oreille. Non seulement Lucas reconnaît partout qu’une visite du parc Disneyworld quand il était gamin « a changé sa vie », mais surtout on apprend (ce qu’on ignorait quasiment tous) que la présidence de Disney avait été proposée à Lucas au début des années 90 ! Lucas avait alors refusé…
Par la suite, les partenariats se sont noués dans tous les domaines : jouets, parcs d’attraction, films, etc. Il serait trop long de tous les énumérer et cela fera l’objet d’un prochain billet. Citons quand même l’exceptionnelle coopération entre quatre géants qui dépassa le simple tandem Disney/Lucasfilm : Michael Jackson, Francis Ford Coppola, Disney et Lucas pour produire Captain Eo, film en 3D projeté dans les parcs Disney.
Les afficionados du Parc Disneyland Resort Paris (appelé un temps EuroDisney) le savent : les attractions liées à Lucasfilm et les produits dérivés sont légion depuis l’ouverture du parc sur le site de Marne-la-Vallée. Citons en vrac les trois attractions phares : Star Tours, Captain Eo et Indiana Jones et le Temple du Péril. Si au départ, les fans de toys n’avaient à se mettre sous la dent que de petites figurines PVC non articulées grossièrement copiées sur la gamme vintage, la gamme s’est progressivement et rapidement étoffée offrant des crossovers variés et intéressants comme des petites voitures ou les personnages de l’univers Mickey déclinés à la sauce Star Wars. C’est également sur les parcs Disney qu’on a pu voir certaines figurines Indiana Jones ou même l’apparition du Muppet Show dans cet univers !
(source : starwarssuperstore.com)
(source : Kryptonianwarrior.com)
Et les jouets Hasbro dans tout ça ?
Des rumeurs courent actuellement sur la toile pour évoquer un éventuel rachat de Hasbro par Disney. Au risque de décevoir les fans de conglomérats genre OCP, nous n’y croyons guère. La capitalisation boursière de Hasbro étant à ce jour de 4,633 milliards de dollars, il faudra un certain temps à Disney avant de pouvoir débourser pour la troisième fois consécutive (après Marvel et Lucasfilm) une telle somme. Disney travaille avec les deux géants américains du jouet depuis des années, Mattel (poupées Princesses, Jake et les pirates du Pays imaginaire…) et Hasbro (principalement Marvel). Nous vous invitons à lire l’article publié sur ToyzMag en décembre 2011 sur la complémentarité entre Hasbro et Disney.
Mais surtout, et l’exemple des licences Disney cédées à Mattel et Hasbro le montre bien, Disney travaille dans le divertissement pas dans la fabrication de jouets et une telle diversification de ses activités aurait certainement un impact sur le cours de bourse de The Walt Disney Company. Autre argument, si Disney devait racheté les sociétés exploitants ses licences principales, elle devrait aussi se pencher sur le cas de Lego qui vend des jouets Cars, Star Wars et Marvel.
De l’autre côté du deal et comme nous l’avons souligné plus haut, Hasbro profitera certainement du rachat de Lucasfilm par la résurrection annoncée d’une licence qui si elle a certainement été la plus profitable n’en demeure pas moins en décroissance depuis quelques années.
Sur les sites estampillés Disney (aujourd’hui les parcs à thème, mais demain sans aucun doute tous les Disney Stores), les jouets Hasbro Star Wars sont assez largement distribués. il arrive même parfois que l’on trouve certaines exclusivités uniquement chez Disney. C’est le cas actuellement avec le Pack Ewoks (50€) ou les 2-packs Endor AT-ST crew (dont la review est en ligne sur ToyzMag) ou Ewok Scouts (review consultable ici) à 25€99 pièce.
Sur ce plan, gageons que le rachat qui vient de s’effectuer ne pourra qu’améliorer les choses.
Analyse forte intéressante et qui permet de lire avec un regard plus posé que ce que l’on peut lire partout (Disney « cay le mal »).
Il ne reste qu’à voir comment celà va évoluer.
Vivement 2015 pour voir si ça valait vraiment le coup!
Merci pour cette analyse dès plus pragmatique.
Très intéressant!
» […] du succès d’estime et d’un certain aspect visuel : qu’on pense à Tron, au Trou Noir ou à « Return to Oz » […] »
Tron, c’était pas le pied…
quant au Trou Noir, comme vous dîtes « pas de quoi entrer dans les annales […] ».
hé hé ! toujours en forme le Tryphon !
un peu « dark Side » sur les bords mais c’est de bonne guerre (des étoiles !)
C’est étrange, en écrivant ces lignes, je me disais que ce serait bien que quelqu’un vienne un peu torpiller mes propos…
Quel plaisir de vous relire en tout cas 😉
Revenez quand vous voulez !!
« Le Canard enchaîné » de cette semaine 7 novembre présente un dessin sur lequel Mickey tient à la main un sabre laser, Dark Vador aussi, affublé de deux oreilles de Mickey sur son casque. Dark Vador dit: » Je suis ton père ».
Ce dessin illustre bien l’esprit de combat (création) de Disney et sa réappropriation de héros. Je souhaite que Disney réussisse une nouvelle série.